mardi 31 janvier 2017

Rebecca - Daphné du Maurier

 
Rebecca de Daphné du Maurier
Lu en ebook
Edition Albin Michel
 
" Je suis contente qu'on ne puisse l'avoir deux fois, la fièvre de l'amour. Car c'est une maladie et c'est un fardeau, quoi qu'en puissent dire les poètes. "

Synopsis : Sur Manderley, superbe demeure de l'ouest de l'Angleterre, aux atours victoriens, planent l'angoisse, le doute : la nouvelle épouse de Maximilien de Winter, frêle et innocente jeune femme, réussira-t-elle à se substituer à l'ancienne madame de Winter, morte noyée quelque temps auparavant ? Daphné du Maurier plonge chaque page de son roman - popularisé par le film d'Hitchcock, tourné en 1940, avec Laurence Olivier et Joan Fontaine - dans une ambiance insoutenable, filigranée par un suspense admirablement distillé, touche après touche, comme pour mieux conserver à chaque nouvelle scène son rythme haletant, pour ne pas dire sa cadence infernale. Un récit d'une étrange rivalité entre une vivante - la nouvelle madame de Winter - et le fantôme d'une défunte, qui hante Maximilien, exerçant sur lui une psychose, dont un analyste aurait bien du mal à dessiner les contours avec certitude. Du grand art que l'écriture de Daphné du Maurier, qui signe là un véritable chef-d'oeuvre de la littérature du XXe siècle, mi-roman policier, mi-drame psychologique familial bourgeois.
 
Mon Avis : Daphné Du Maurier signe ici un bouquin haletant, prenant aux tripes, angoissant tout en étant à la fois horripilant par la seconde Mme De Winter.
 
Quand j'ai lu la catégorie "classique" je me suis dis, bon, courage .. Et bien j'en voudrais encore des classiques de ce genre. Je ne me suis pas lassée de tourner ses pages et de connaître la finalité de cette intrigue.
Nous sommes à Monte-Carlo. La narratrice, qui n'est jamais nommée, rencontre Mr De Winter, veuf depuis un an. Elle est alors demoiselle de compagnie. Elle tombe rapidement amoureuse, mais voilà, Mme Van Hopper qui la forme doit repartir en Angleterre voir sa fille, et adieu Mr de Winter. Il lui propose alors la folie de sa vie : devenir sa femme, ou suivre cette femme qui l'humilie. Ils se marient, mais l'ombre de la précédent épouse, Rebecca, est toujours présente dans le couple et dans la formidable demeure de Manderley ..
 
J'avais lu à propos de ce livre, que la traduction des premières éditions avaient été un peu édulcorées, notamment sur les passages sexuels. Il est vrai que je n'ai rien ressentis de sexuels mis à part deux sous-entendus peut-être, mais sinon pas grand chose. C'est bien un roman où j'ai ressentis de la romance, mais pas une alchimie pure et forte car l'ombre de Rebecca est présente, bien qu'elle ne soit pas présente dans ce livre. Et c'est ce qui le rend si intéressant. L'auteur a réussi, sans jamais faire apparaître ce personnage, à le rendre si réel et si palpable que le lecteur est presque comme angoissé et comme épié par son fantôme. C'est en tout cas ce que ressent la seconde Mme De Winter.
 
Personnage tout à fait opposé à la première De Winter, elle se décrit comme quelconque, effacée, sans bonne manière et plutôt gauche. La première Mme De Winter était ce genre de personne que l'on aime au premier regard, qui prend de la place tout de suite dans la pièce et qui nous apparaît fort sympathique.
La seconde épouse, arrive donc dans une demeure familiale, bourgeoise, qui est toujours sous l'emprise de la précédente occupante. Elle ne sait et n'arrive pas à imprimer sa propre marque, multipliant les gaffes et s'asphyxiant elle-même par le fantôme de la première épouse. J'ai dis précédemment que je trouvais un peu horripilant ce livre par ce personnage : elle représente la naïveté, l'oie blanche à peine sortie de l'œuf par excellence. Elle manque de jugeote, mais aussi de cran fasse à ceux qui l'entoure. Elle ne met pas ses idées en avant, pensant se faire oublier, mais se rend malgré elle la cible de tous. Clairement en difficulté dans la haute société, face à ce fantôme que tout le monde a encore en tête, elle semble sombré dans une douce folie, prise aux pièges de ses propres peurs sans arriver à les discerner.
Néanmoins, au fil de l'histoire, notre seconde épouse prend du cran, son mari le lui fait remarquer : "Tu as mûri en 24h". C'est sûrement ce qui l'a séduit chez elle d'un prime abord : sa candeur. A la fin du livre, nous avons l'éclosion d'une nouvelle femme, assument ses idées, sans être devenue tyrannique.
Monsieur de Winter quand à lui est pour moi, l'opposé du prince charmant. Je ne le sens guère sensible, guère aux petits soins de sa femme, préoccupé par ses propres affaires et n'aimant que son domaine. Je dois dire qu'à la fin de ce livre j'ai un peu plus de nuances sur ses traits de caractères. Oui c'est un homme toujours tourmenté par sa première femme, sa seconde ne trouve pas sa place, mais une certaine affection transperce quand même les lignes, une attachement sincère à la seconde. On ne peut pas lui enlever que c'est un homme loyal, respectable, voulant faire le bien.
Le personnage tyrannique, incarné par la gouvernante du domaine, Mme Danvers, qui ne cesse de perpétuer la tradition de Rebecca, sans laisser la moindre chance à la jeune mariée. C'est un personnage qui est assez difficile à cerner, d'un côté la totale dévotion envers son ancienne maîtresse et de l'autre, la haine profonde que lui inspire la nouvelle Mme De Winter, qui est sa nouvelle "patronne". Vous me direz, elle n'a pas fait son deuil, elle était encore attachée à Rebecca, mais avoir un comportement aussi extrême et aussi perfide c'est remarquable.
 
Les descriptions travaillées du domaine nous ferait presque en sentir les parfums. L'auteur ne tarit pas d'éloge sur le domaine de Mr de Winter, on se sent nous aussi enivré par les fleurs, le sel marin, l'allée qui mène à la porte. Tout cela est magnifiquement décrit tout au long des pages. Nous avons un spectacle de décor à couper le souffle, et à côté des personnages aux lourds secrets ou aux sombres desseins. Cette alchimie qu'à su créer l'auteure est difficile à expliquer, mais Rebecca est un livre magnifique aux multiples rebondissements. Je suis restée un peu sur ma faim à la dernière page .. Quoi c'est tout ? On nous laisse comme ça ? J'aurai aimé en savoir plus quant à leur retour sur le domaine. C'est dommage. On ne peut qu'imaginer la suite des péripéties de notre jeune mariée.
 
Ma Note : 15/20

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