jeudi 19 janvier 2017

La bibliothèque des coeurs cabossés - Katarina Bivald


La bibliothèque des cœurs cabossés de Katarina Bivald
Lu en ebook
Edition Denoël

Synopsis : Tout commence par les lettres que s’envoient deux femmes très différentes : Sara Lindqvist, vingt-huit ans, petit rat de bibliothèque mal dans sa peau, vivant à Haninge en Suède, et Amy Harris, soixante-cinq ans, vieille dame cultivée et solitaire, de Broken Wheel, dans l'Iowa. Après deux ans d’échanges et de conseils à la fois sur la littérature et sur la vie, Sara décide de rendre visite à Amy. Mais, quand elle arrive là-bas, elle apprend avec stupeur qu’Amy est morte. Elle se retrouve seule et perdue dans cette étrange petite ville américaine. Pour la première fois de sa vie, Sara se fait de vrais amis – et pas uniquement les personnages de ses romans préférés –, qui l'aident à monter une librairie avec tous les livres qu’Amy affectionnait tant. Ce sera pour Sara, et pour les habitants attachants et loufoques de Broken Wheel, une véritable renaissance. Et lorsque son visa de trois mois expire, ses nouveaux amis ont une idée géniale et complètement folle pour la faire rester à Broken Wheel…
 
Mon Avis : Sans l'ombre d'un doute, voilà mon premier coup de cœur de cette année 2017. Un livre magnifique qui nous plonge dans l'univers de deux passionnées de lecture aux vies opposées, mais qui ont cette lumière en elles naturelle qui attire les autres comme des papillons.
 
Les premières pages m'ont parues bien longues. Sara débarque de Suède, Amy n'est plus là .. Et après ? De quoi va parler ce foutu bouquin ? L'épisode de la maison pleine de monde d'Amy et de Sara seule dans un coin tel un faon prit dans les lumières des phares m'a laissé un peu pantoise. Mais où l'auteur veut en venir ? J'avais déjà arrêter ma lecture il y a quelques temps à ce niveau de l'histoire. Je suis parfois une vraie imbécile.
Mis à part ce fâcheux contre temps, Katarina Bivald nous sert un petit bijou d'amour, d'humour, d'amitié, de connexion, bref, de vie tout simplement. La vie sans strass ni paillette d'une bourgade presque vide de sentiments, où les gens ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. Et au fil des pages, tout s'éclaire, leurs sentiments, leurs vies, leurs joies et leurs peines. C'est un peu comme avoir un vieux tableaux, le confier à un restaurateur et qu'il reprendrait presque vie sous ses pinceaux. C'est un peu comme quand on sort d'une pièce sombre et que l'on se rend à la lumière vive, d'abord les contours presque effacés puis après les traits de plus en plus précis jusqu'à voir d'une netteté sans faille. Voilà ce qu'est La bibliothèque des cœurs cabossés. Une vision nette, sans triche et sans fard d'une communauté qui a perdu la lumière. Une communauté hétéroclite où les cœurs cabossés se mêlent aux cœurs usés, presque défectueux. Où les cœurs encore romantiques se mêlent aux cœurs désillusionnés.
Au hasard des pages, nous trouvons aussi des tonnes de références littéraires sur des auteurs que les deux femmes ont particulièrement aimé. Katarina Bivald ne les balance pas comme ça sur le tas, mais en jouant avec les préférences de ses personnages.
 
Etant amoureuse de cet objet intemporel qu'est le livre, comment ne pas s'attacher à Sara ? Jeune bout de femme qui se décrit elle-même comme étant "banale", ayant perdu son emploi dans une librairie, vivant en Suède dans une famille qui ne la comprend pas. Est-ce que lire est synonyme de perte de temps ? Est-ce que lire c'est se cacher de l'autre ? Les personnes n'aimant pas les livres répondront oui aux deux questions. C'est ce qu'auraient je pense répondu les parents de Sara. Livre = manque d'ambition, manque d'envie, manque de vie. Lire c'est réservé aux paresseux. Et malheureusement au travers des parents de Sara, l'auteure décrit un bon nombre de personnes. Surtout dans cette nouvelle société où on délaisse les livres et la lecture en général pour les jeux en ligne ou le téléphone portable. Nous découvrons donc Sara au fil des pages, comme si on rencontrait une personne qui allait devenir notre amie. Un peu secrète au début, son caractère effacé laisse rapidement place à de la gaité et à une motivation sans faille. Sentiments après sentiments, Sara avance et se lie presque spontanément avec les gens qui l'entoure. Certaines personnes ont cette faculté d'être rapidement appréciés et Sara en fait partie.
Amy est aussi présente à chaque page par le souvenir mais aussi par les correspondances qu'elle entretenait avec Sara et que l'auteur nous fait découvrir petit à petit. Une femme de caractère, aux idées tranchées mais une femme passionnées des livres, des gens. Je suis certaine qu'elle et Sara se serait très bien entendue dans sa petite maison à la robinetterie douteuse. On comprend très vite qu'Amy était une personne centrale à Broken Wheel et que son départ laisse un grand vide pour tout le monde. Et Sara, arrivera à combler ce vide petit à petit sans jamais essayer de remplacer Amy. Conserver et rendre hommage Amy, voilà ce que Sara souhaite faire avec sa petite librairie.
Viennent les autres habitants de cette petite bourgade sans artifice. Ils reprennent vie petit à petit, se lancent de nouveaux défis. Aussi attachants les uns les autres, aussi énervants que surprenants, ces habitants forment une grande famille à part entière.
 
En refermant ce bouquin je me suis dit : déjà ?! Un petit sentiment de tristesse de les laisser, mais qu'elle joie d'avoir découvert l'univers de Katarina Bivald. Elle a su avec une histoire simple, me rendre complètement captive de ses mots. Alors merci madame pour ce petit bijou. Merci aussi pour toutes ces références littéraires qui donnent envie de découvrir d'autres auteurs classiques ou non, rien que pour raviver la présence d'Amy.
Un bon roman à lire pour moi, à côté d'un bon feu de cheminée dans une froide soirée d'hiver, pour nous redonner le sourire et l'envie d'aller vers l'autre.
 
Note : 20/20
 
 

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